Comment remplacer une parabole de 1,2 tonne et 4 mètres de diamètre
Surnoms affectueux
Une chaîne de sport reçoit en permanence des images de tous les événements sportifs en cours un peu partout dans le monde. Tout ce qui vient des cars régie sur le terrain et toutes les images livrées par satellite sont captées, pour Eurosport, par un ensemble de paraboles installées en toitures sur le bâtiment et plus particulièrement par deux paraboles mobiles, surnommées affectueusement “la mobile 1” et “la mobile 2”.
Hélas, la mobile 2, installée en 1992 sur le toit du siège de la chaîne sportive à Issy-les-Moulineaux, commençait à donner des signes de fatigue : un des systèmes de vérins était tombé en panne, la motorisation existante n’est plus fabriquée et le fabricant ne pouvait plus assurer de réparation, etc.
L’exploitation sereine de la chaîne était en jeu. Il fallait intervenir et remplacer la mobile 2 par une nouvelle parabole.
Le problème est alors que la mobile 2 ne porte pas si bien son nom que cela : elle est très lourde, mesure 3 mètres de diamètre, elle se situe sur le toit d’un immeuble de plusieurs étages, elle est solidement fixée à un socle béton. Bref. C’est une intervention technique très particulière qui s’annonce là.
La proposition de LTE-SAT retenue
LTE-SAT en charge de la maintenance de l’ensemble des paraboles après un rapport détaillé (étude technique de la captation, des incidents récents et de la vétusté) est vite arrivé à la conclusion qu’il fallait en effet remplacer l’antenne complète et dans un but de cohérence technique et d’exploitation de proposer une parabole identique à la Mobile1 (réflecteur 3.60m aluminium en 2 parties, monture un acier galvanisé, bande passante de 10959 à 12750 GHz, 1,270 tonne, motorisation 3 axes avec Resolver de recopie d’angle).
La proposition de LTE-SAT validé par Eurosport , un BET structure béton a été contacté pour vérifier la capacité portante du socle béton existant sur lequel allait reposer la nouvelle parabole. Il fallait s’assurer que la structure soit capable de supporter la nouvelle contrainte mécanique à l’arrachement. Même si cette structure en supportait déjà une.
Piétement de la mobile 2 avant intervention : des signes de vétusté
“Le côté rassurant pour moi, explique Michel Benoit, directeur général de LTE-SAT, c’est qu’on allait conserver le même type de prise au vent, le diamètre de la nouvelle parabole étant à peu près équivalent à celui de l’ancienne. Il fallait néanmoins étudier les marges de sécurité.”
Ce point majeur du projet étant validé, l’étude préparatoire indiquait qu’il allait falloir ensuite suivre un scénario en 3 actes.
1. L’organisation du trafic (planning journalier de l’exploitation de la parabole)
Il faudrait 15 jours à 3 semaines d’interruption du trafic apporté par la mobile 2. Pendant tout ce temps, la salle qui reçoit les différents signaux allait devoir se contenter de la mobile 1, et des paraboles fixes existantes .
Cela supposait quelques précautions en matière d’organisation du trafic, c’est-à-dire la gestion des flux d’images arrivant à la régie finale de la chaîne.
2. Le démontage de l’ancienne parabole
Pendant toute cette phase, il s’agit certes de procéder au démontage de la parabole existante et aux tâches associées : récupérer les têtes LNB existantes et les liaisons optiques de descentes SHF vers le nodal
Il s’agit aussi de la préparer à son futur destin : la mise en décharge.
Récupération des éléments de la Mobile 2 pour mise en décharge
L’optimisation de l’utilisation de la grue de levage est prévue. La descente de l’ancienne parabole et le levage de la nouvelle .
Il en résulte un phasage précis afin de prévoir le démontage de l’ancienne parabole avec son stockage en toiture, la préparation pour la réception des différents colisages de la nouvelle parabole . et le passage de la liaison fibre optique de commande de la station TVRO. Le temps de travail est soigneusement minuté.
3. Le grutage et l’installation de la nouvelle parabole
Le grutage de la nouvelle parabole est évidemment le moment critique dans toute cette opération. Il faut tenir compte de toutes les contraintes liées à la situation de l’immeuble en pleine ville, demander des autorisations à la ville, etc.
Installation de la grue
Deux hypothèses ont été étudiées pour placer la grue. Et c’est finalement le grutier qui a choisi celle qu’il préférait, dans une petite rue piétonne plutôt que sur l’artère principale, suivant ainsi une expérience qu’il avait déjà eue pour la livraison dans ce même immeuble d’une climatisation à poser en toiture du bâtiment.
Le dispatching de l’ensemble des colis ( caisse en bois ) qui contiennent les différentes pièces mécaniques, à poser sur la terrasse, ou au sol pour l’assemblage de l’ensemble du réflecteur (c’est un vrai PUZZLE…..).
Il faut dispatcher l’ensemble des colis (caisses en bois) qui contiennent le différentes pièces mécaniques à poser soit au sol, soit sur le toit. C’est un véritable puzzle et le temps est compté.
Une fois les colis répartis au bon endroit , une course contre le temps commence , qui se matérialise par le montage du support de la parabole sur le socle en béton en haut en terrasse et l’assemblage au sol du réflecteur global. Le but étant de minimiser le temps d’intervention de la grue sur place.
La semaine qui a suivi, l’assemblage des différents éléments de l’antenne est finalisé. Une fois toutes les parties assemblées il faut régler l’antenne sur les satellites et assurer le paramétrage , le but étant de redonner la main sur l’exploitation de la parabole rapidement, au service trafic de la chaîne
Ancrage du support
Assemblage du réflecteur au sol
Le jour J
Si les équipes de LTE-SAT ont évidemment beaucoup travaillé avant et après, le climax de ce scénario en trois actes a eu lieu … le jour J. C’est-à-dire le jour où le grutier est intervenu.
En tenant compte des autorisations, du temps d’installation de la grue et de démontage de celle-ci, et surtout des règles de sécurité pour le public, le travail disponible pour le grutage proprement dit afin de monter les éléments de la nouvelle antenne et descendre les éléments de l’ancienne se résume à une demi-journée ! Pas plus.
Tout s’est déroulé comme prévu… c’est-à-dire, pour cette phase-là, dans la demi-journée impartie. Avec, puisqu’il s’agit d’Eurosport, quelques épisodes un peu sportifs, en effet, lorsqu’il s’agit de grimper dans la parabole, par exemple, pour assembler les éléments.
Un peu de sport pour Eurosport
Mais à l’arrivée, une scène finale symbolise le chantier réussi. “C’est quand on s’est retrouvé à 13 gilets jaunes chacun avec son plateau-repas au self-service, raconte Michel Benoit. Là, tu peux faire le point et tu sais que tout est bon.”
Parabole Mobile 2 opérationnelle
Fin de l’aventure…